LA BATAILLE D'ABOUKIR

26 octobre 1795 : la Convention vit ses derniers jours.

Une semaine plus tard elle est remplacée par le Directoire : Carnot, Barras, Boissy d'Anglas, tous farouchement anti-monarchistes, prétendent ramener la paix civile. Mais la monnaie s'écroule, le peuple est affamé...

Un petit général corse, ami et protégé de Barras, est nommé à la tête de l'armée d'Italie. C'est le début d'une carrière que tout annonce glorieuse; les victoires se multiplient - six en 15 jours, Lodi, Castiglione, Rivoli etc... - qui ont fait 15 000 prisonniers mais aussi des milliers de morts.

L'ambition du jeune général n'a plus de limites. Il songe à monter une vaste expédition en Egypte, point de passage obligé des Anglais vers leurs possessions des Indes. Le Directoire accepte d'emblée. Le 4 mai 1798 Bonaparte prend la route de Toulon d'où doit partir l'armée de 33 000 hommes et 800 chevaux. L'amiral Vence, directeur du port, n'avait reçu que 5 mois plus tôt l'ordre de remettre en état de toute urgence des escadres bien fatiguées et de recruter des équipages. Le temps imparti est nettement insuffisant; le 19, près de 400 navires dont 35 vaisseaux de ligne, placés sous le commandement de l'amiral Brueys, quittent le port varois. Alexandrie capitule le 2 juillet, ouvrant les portes du pays au conquérant qui descend aussitôt sur le Caire.

Sur rade d'Aboukir, la flotte française attend leur retour, sans savoir que Nelson a quitté Gibraltar avec 8 lourds vaisseaux et deux divisions ralliées en cours de route. Lorsqu'ils apparaissent au large d'Aboukir, Brueys tente de rappeler les équipages qu'il avait envoyés à terre pour l'approvisionnement en eau douce. Il est déjà trop tard! Le 1er août à 15 heures, le branle-bas de combat est sonné. Deux heures plus tard Nelson attaque. Les vaisseaux français, désorganisés par l'absence de leurs matelots, tombent l'un après l'autre sous le feu de l'ennemi. Brueys est tué dès le début de l'engagement. L'amiral Ganteaume le remplace mais il est abordé par l'Alexander qui ouvre le feu à bout portant. L'incendie se déclare à bord du navire-amiral français ; Ganteaume fait noyer les soutes mais l'Orient explose. Les autres vaisseaux se dispersent.

Sur onze vaisseaux français, deux furent incendiés et neuf capturés. La bataille d'Aboukir avait fait 1700 tués et 1500 blessés. La France n'avait plus de flotte en Méditerranée...

Les amiraux Brueys, Vence et Ganteaume étaient francs-maçons.

Aboukir