Pearl Harbour

On dit que l'Histoire ne se répète pas... Le drame terrifiant du 11 septembre a irrésistiblement rappelé à beaucoup celui qui, il y a soixante ans, a endeuillé les Etats-Unis.

Le 7 décembre 1941 à l'aube, l'entrée des Etats-Unis dans la Deuxième Guerre mondiale allait bouleverser définitivement le cours de l'histoire. Les attaques japonaises quasi simultanées sur Pearl Harbor et les Philippines puis, trois jours plus tard, la déclaration de guerre de Hitler à l'Amérique en enfin, dans le Sud-Est asiatique, l'effondrement de Singapour, de la Malaisie et de Hong Kong changeaient en quelques jours la face du monde. Lorsque la nouvelle fut connue, chacun réalisa que rien ne serait plus jamais comme avant.

Nous ne reviendrons pas sur les faits, ils sont connus. Un film récent a décrit, en quarante minutes valables noyées dans trois heures de médiocrité sirupeuse, l'hallucinante agression des Japonais sur Pearl Harbor. Les causes de cette attaque (gel des avoirs japonais - 135 millions de dollars - dans les banques américaines, embargo sur les produits pétroliers à la suite du bombardement de Nankin par les Japonais en juillet 1941) ont à peine été abordées et la grande question qui agite encore les historiens aujourd'hui a, bien évidemment, été totalement occultée : Roosevelt était-il informé depuis plusieurs jours de l'agression du 7 décembre ? Pire, l'a-t-il voulue ? Il est aujourd'hui établi par les archives que depuis janvier, Roosevelt et Marshall avaient été avertis que toute guerre déclenchée par les Japonais serait précédée d'une attaque de Pearl Harbour ; il est également prouvé que les télégrammes d'avertissement aux chefs militaires d'Hawaï, l'amiral Kimmel et le général Short, ne leur étaient jamais parvenus. Ce silence fut-il volontaire ? Il paraît évident qu'en ne communiquant pas à l'amiral Kimmel les messages japonais interceptés et décryptés annonçant l'attaque, en ne tenant pas compte de l'avertissement donné dès mars 1941 par l'état-major que toute entrée en guerre du Japon serait précédée d'une attaque-surprise quelque part dans le Pacifique, en s'abstenant de trancher dans les luttes d'influence que se livraient l'armée de terre et l'US Navy, en croyant aveuglément en l'invincibilité absolue de ses armées, Roosevelt l'a favorisée. En laissant s'implanter à Hawaï de nombreux espions japonais dès l'entrée en guerre de l'Europe, les responsables américains n'ont-ils pas péché par imprudence ?

La destruction des escadres américaines fut le prix payé pour ces incompréhensibles inattentions, volontaires ou non. Il fallait absolument que les Etats-Unis entrent en guerre et Roosevelt, en laissant les Japonais attaquer ses escadres, leur en imputait la responsabilité devant l'Histoire tout en parvenant à ses fins. Du jour au lendemain le ravitaillement massif de l'Angleterre en armes sortait cette dernière d'une situation difficile en Afrique du Nord et empêchait Hitler d'envoyer trente divisions à l'Est, crainte suprême de Churchill.

Pearl Harbor ne fut donc pas une bataille navale mais une attaque brutale qui ne fut sans doute une surprise que pour l'amiral Kimmel (seul cependant à s'être aperçu que les escadres japonaises avaient quitté leur base), que Roosevelt, Churchill et Staline savaient imminente et dont ils connaissaient très probablement le lieu. Le Premier ministre anglais n'avait-il pas déclaré en 1944 : "Après Pearl Harbor, j'ai su que nous gagnerions inéluctablement la guerre !"

Aujourd'hui la loge USS New Jersey n° 62 se réunit à proximité de l'épave du cuirassé dont elle porte le nom (http://ussnjlodge62.org/).

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